Le langage SQL : Le langage de manipulation de données (LMD), Compléments



Notion de clé d’une relation et dépendance fonctionnelle

Lorsqu’on utilise une base de données, il est nécessaire d’accéder à un enregistrement par le contenu d’un ou de plusieurs champs. On nomme clé d’une relation un champ, ou un ensemble de champs, qui permet d’identifier de façon unique un enregistrement. Une relation peut comprendre plusieurs clés possibles ; ce sont les clés candidates.

On appelle clé primaire d’une relation la clé minimale parmi toutes les clés candidates de la relation. Une clés primaire doit toujours contenir une valeur et celle-ci doit être unique pour chacun des enregistrements de la relation

Pour désigner une clé (primaire), il faut donc prendre en compte le « sens » des données contenues dans la relation. Si aucun champ ne peut constituer une clé, il est nécessaire d’introduire un champ formel, tel qu’un identifiant numérique.

Une dépendance fonctionnelle existe entre deux ensembles de champs si les valeurs contenues dans l’un des ensembles de champs permettent de déterminer les valeurs contenues dans l’autre ensemble.

Les dépendances fonctionnelles expriment la relation de hiérarchie qui existe entre les champs.

Numero_carte Nom Age Ville Etablissement
1 Henri 10 Paris Université Sorbonne
2 Stanislas 34 Paris Université Jussieu
3 Henriette 44 Lyon CHU Bron
4 Dominique 19 Nancy Université Poincaré
5 Isabelle 56 Nancy INPL
6 Olivier 51 Marseille Université Saint Charles
7 Henri 98 Paris Université Sorbonne
8 Jérôme 23 Nancy INPL
9 Laurence 34 Bordeaux Université Victor Segalen
10 Christian 41 Paris ENS
11 Antoine 16 Marseille Université Saint Charles
12 Laurence 34 Paris Université Jussieu

Relation lecteur(Numero_carte, Nom, Age, Ville, Etablissement)

Si l’on examine les données de la relation, on remarque :

  • qu’il ne peut y avoir de dépendance fonctionnelle entre les ensembles (Ville, Etablissement) et (Nom, Age). En effet, le couple (Laurence, 34) correspond aux deux couples (Paris, Université de Jussieu) et (Bordeaux, Université Victor Segalen).

    À un couple (Ville, Etablissement) ne correspond donc pas un unique couple (Nom, Age).

  • que si l’on suppose qu’un établissement n’est situé que dans une seule ville, il existe une dépendance fonctionnelle entre le champ « Etablissement » et le champ « Ville ».

    À une valeur du champ « Etablissement » correspond une et une seule valeur du champ « Ville ». Cette valeur n’est cependant pas unique.

  • La valeur du champ « Numero_carte » est unique pour chacun des enregistrements. Ses valeurs sont identifiantes pour tous les champs de la relation. Chaque champ dépend fonctionnellement de ce champ. Ses valeurs ne sont jamais vides, c’est une clé candidate !

    Comme c’est aussi la seule clé de la relation, ce champ constitue la clé primaire.

Tous les champs qui ne font pas partie d’une clé candidate d’une relation possèdent des dépendances fonctionnelles avec cette clé.

On indique la clé primaire d’un schéma relationnel en soulignant le champ, dans le schéma relationnel : Relation lecteur(Numero_carte, Nom, Age, Ville, Etablissement)

Jointure de deux relations

Qu’est-ce qu’une jointure ?

La jointure est l’opération fondamentale de l’algèbre relationnelle qui permet d’exprimer le sens du lien entre les relations, dans le monde réel. Conformément au programme, on ne présente ici que l’opération de jointure symétrique.

Une jointure permet d’associer plusieurs relations dans une même requête. Le résultat de cette requête est une relation de degré supérieur aux degrés de chacune des relations de départ. L’opération de jointure est symétrique et associative.

La liaison entre les relations s’effectue par le contenu commun d’un champ (champs de jointure).

Il est bien évidemment possible d’associer une jointure à une projection et une sélection. Ces associations doivent être prises en compte lors de la détermination du degré et de la cardinalité de la relation finale.
Numero_carte Nom Num_Etablissement
1 Henri 1
2 Stanislas 2
3 Henriette 1

Relation Lecteur_bis(Numero_carte, Nom, Numero_Etablissement)

Num_Etablissement  Ville  Nom_Etablissement
1 Paris Université Jussieu
2 Lyon CHU Bron
3 Nancy Université Poincaré
4 Paris Université Sorbonne

Relation Etablissement(Num_Etablissement Ville, Nom_Etablissement)

Même si l’on ne dispose pas du modèle conceptuel associé, on constate que l’on peut relier les deux relations par le champ Numero_Etablissement. Les informations concernant l’établissement de la relation Lecteur_bis sont stockées dans la relation Etablissement dont la clé est le champ Num_Etablissement. Pour obtenir la liste des lecteurs ainsi que les informations concernant leur établissement, on effectue une jointure entre ces relations sur le champ Numero_Etablissement.

Schéma de la base de données prenant en compte la jointure : Dans la relation l’attribut est une clé étrangère.

Numero_carte Nom Num_Etablissement Num_Etablissement Ville Nom_Etablissement
1 Henri 1 1 Paris Université Jussieu
2 Stanislas 2 2 Lyon CHU Bron
3 Henriette 1 1 Paris Université Jussieu

Résultat de la jointure des relations Lecteur_bis et Etablissement.

Le champ Num_Etablissement figure deux fois dans la relation résultat de la jointure car la première occurrence provient de la relation Lecteur_bis alors que la seconde provient de la relation Etablissement.

Afin de ne conserver qu’une occurrence des champs de jointure, on peut réaliser une projection :

Numero_carte Nom Num_Etablissement Ville Nom_Etablissement
1 Henri 1 Paris Université Jussieu
2 Stanislas 2 Lyon CHU Bron
3 Henriette 1 Paris Université Jussieu

Résultat de la jointure des relations Lecteur_bis et Etablissement après projection.

Cette opération, $\text{jointure} + \text{projection}$, est parfois appelée jointure naturelle.

Les champs de jointure ne doivent pas nécessairement être nommés à l’identique.

Comment effectuer une jointure en langage SQL ?

Il existe deux façons de réaliser une opération de jointure en SQL :

  • la première est basée sur l’idée qu’une opération de jointure peut être considérée comme une sélection sur le produit cartésien des deux relations :
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SELECT * 
FROM Lecteur_bis, Etablissement
WHERE Lecteur_bis.Num_Etablissement = Etablissement.Num_Etablissement ;

Avec une projection :

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2
3
SELECT Lecteur_bis.Numero_carte,Lecteur_bis.Nom,Etablissement.Ville, Etablissement.Nom_Etablissement
FROM Lecteur_bis,Etablissement
WHERE Lecteur_bis.Num_Etablissement = Etablissement.Num_Etablissement ;
  • la seconde méthode utilise l’opérateur de jointure  :
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SELECT * FROM Lecteur_bis 
JOIN Etablissement ON Lecteur_bis.Num_Etablissement = Etablissement.Num_Etablissement ;

Avec une projection :

1
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3
SELECT Lecteur_bis.Numero_carte, Lecteur_bis.Nom, Etablissement.Ville, Etablissement.Nom_Etablissement
FROM Lecteur_bis 
JOIN Etablissement ON Lecteur_bis.Num_Etablissement = Etablissement.Num_Etablissement ;
On remarque qu’un champ est défini de façon unique grâce à la concaténation du nom de la relation et de celui du champ. Si les champs portent des noms différents, il n’est pas nécessaire de préciser de quelle relation ils sont issus.

Fonctions de calculs

Une règle, dans le domaine des bases de données, est que tout ce qui peut se calculer ne doit pas être stocké dans la base. On évite ainsi la perte de place et l’incohérence qui peut découler du stockage d’informations redondantes.

Le langage SQL ne possède pas d’instruction d’itération ; il possède cependant des fonctions simples de traitement des données d’une colonne (les calculs plus complexes doivent être effectués à l’aide d’un langage de programmation comme Python).

Fonction  Opération
COUNT Comptage du nombre d’enregistrements de la table
MAX Maximum des éléments d’une colonne
MIN Minimum des éléments d’une colonne
AVG Moyenne des éléments d’une colonne
SUM Somme des éléments d’une colonne

Exemples

  • Détermination de l’age moyen des lecteurs
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 SELECT AVG(Age) AS Age_Moyen FROM lecteur ;
  • Comptage du nombre de lecteurs
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SELECT COUNT(*) AS Nombre_Lecteurs FROM lecteur ;

Dans le cas de la fonction , il n’est pas nécessaire de préciser le champ puisque cette fonction s’applique à la relation toute entière.