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En 1985, l'épave du Titanic fut repérée gisant par
3850m de fond et, en 1991, lors
d'une plongée, on ramena un morceau d'acier qui provenait de la
coque. Chose surprenante, ce fragment ne présentait aucune trace
de déchirure ou de cisaillement ; il n'était même
pas déformé. Il montrait au contraire des bords
ébréchés, dentelés et rugueux comme la
cassure d'une porcelaine. On avait cru jusque-là que l'iceberg
avait enfoncé ou déchiré les plaques de la coque
comme les tôles d'une voiture lors d'un accrochage. L'acier est
souple, déformable, et il ne se rompt qu'après
s'être plié ou étiré. Mais ce n'était
pas le cas ici. Pour en avoir le cœur net, on fit tailler dans le
morceau de coque ce qu'on appelle en mécanique des «
éprouvettes » (petits échantillons pleins de la
taille d'une cigarette de section
déterminée). Ces échantillons passèrent dans
des laboratoires de métallurgie pour y subir des tests de
résilience.
La résilience, qui définit la résistance au choc
d'un métal, se calcule le plus souvent à partir des
mesures effectuées avec le « mouton-pendule » (cf.
Figure 1) inventé par le Français George Charpy (1865–1945). L'outil est des plus
simples : il se compose d'un lourd pendule pivotant sur roulement,
terminé par une grande masse qui, en position basse, est
arrêtée par l'éprouvette, posée sur un
support fixe. On remonte le pendule jusqu'à une position
repérée, et on le laisse retomber. Il décrit donc
un arc de cercle avant de frapper l'éprouvette. Selon les cas,
celle-ci plie ou casse. Si elle plie sans se rompre, on met une masse
plus grande ou on lâche le pendule de plus en plus haut
jusqu'à obtenir la rupture. Après avoir brisé
l'éprouvette, le pendule remonte jusqu'à une certaine
hauteur de l'autre côté. La masse du pendule étant
connue, donne la résilience de l'alliage testé (en ).
Les mesures ont montré que la résilience de l'acier utilisé pour la construction du Titanic est beaucoup plus faible que celle d'un acier actuellement utilisé. Dans ces conditions, le naufrage du Titanic s'explique aisément. Quand l'iceberg heurte la coque, les plaques ne plient pas, elles cassent. Un acier souple de même épaisseur aurait plié sous la pression, et sans doute cédé en certains points, mais il aurait absorbé au cours de cette déformation une bonne part de l'énergie. Le paquebot tout entier aurait été secoué et freiné, voire dévié. Les passagers l'auraient forcement ressenti. Avec l'acier cassant dont est fait le Titanic les choses sont très différentes : sous la pression de l'iceberg, masse de glace dure et compacte, les plaques se brisent. À mesure que l'iceberg racle la coque, les plaques cèdent, sans ralentir pour autant le navire. Les passagers ne ressentent à peu près rien.
« Science et Vie », n° 933, juin 1995.
Réponse
Le bateau n'a que très peu ralentit au cours du choc car la rélience de l'acier utilisé était faible. L'acier s'est brisé au lieu de se déformer.
Les plaques d'acier se sont brisées au lieu de se déformer.
La résilience représente la capacité du matériau à se déformer sans rompre.
La déformation du matériau nécessite de l'énergie. Une partie de l'énergie est aussi dissipée sous forme de chaleur.
Remarque. On fait en sorte que la résilience des matériaux utilisés dans l'automobile soit la plus grande possible, de façon à ce que le plus d'énergie possible soit dissipée sous forme de déformation et non pas par les humains, dans la voiture, lors des collisions.
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Comme l'indique le texte, l'essai de résilience d'un acier est réalisé avec un « mouton-pendule » schématisé ci-dessous.
Le « mouton-pendule » est constitué d'une lourde masse, de façon à rendre négligeables les frottements fluide. Il subsiste tout de même des frottements solides au niveau de la liaison avec le support.
On écarte la masse de sa position d'équilibre et on la lache sans vitesse. Elle se met alors à osciller. Si les frottements sont négligeables, l'amplitude de ces oscillations ne va décroitre que très lentement.
La résilience est donnée par la
formule :
où est la longueur du «
mouton-pendule », et
et
sont les angles (initial et final) dont s'écarte le pendule par
rapport à la verticale.
. Une unité peut
donc être joule par mètre au carré.
Le numérateur représente l'opposé du travail du poids de la masse du « mouton-pendule ».